L’application GPS Waze permet de fluidifier le trafic…

Non. Il a été prouvé que ces applications pouvaient avoir un effet néfaste sur votre comportement au volant, mais aussi sur le trafic urbain.

Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi simple de se déplacer grâce aux multiples applications GPS disponibles sur le Play Store ou l’Apple Store. Waze est certainement l’une des plus populaires. L’application est censée vous guider en prenant en considération le trafic pour que vous puissiez arriver le plus rapidement possible à votre destination sans vous retrouver dans les embouteillages.

Le GPS en temps réel : un paradoxe

Si vous conduisez et que vous avez un smartphone, vous avez forcément un réflexe si vous vous retrouvez bloqué dans les embouteillages. Vous prenez votre smartphone et vous ouvrez Waze en espérant que l’application vous propose un itinéraire capable de vous faire sortir de là. Généralement, il vous propose de sortir et il vous guide sur des routes moins encombrées. Ces dernières sont souvent des rues résidentielles et des routes de campagne. Instinctivement, vous suivez sans vous poser de questions. Toutefois, si vous regardez derrière vous, vous verrez certainement d’autres automobiles qui sont, eux aussi, guidés par l’application.

Initialement, ces applications sont censées vous faciliter la vie. Elles vous préviennent de la présence d’embouteillages, de radars et vont surtout vous faire éviter les embouteillages. Ce sont des outils précieux pour des millions d’automobiles français. Il y a encore une vingtaine d’années, une carte en format papier était la seule façon de vous repérer sur la route. Au début des années 2010, les boîtiers GPS permettaient d’être guidés, mais ils ne prenaient pas en considération les embouteillages et les problèmes étaient nombreux. Il était alors inenvisageable pour un automobiliste de sortir de la zone bouchée pour prendre des routes alternatives.

Il a été prouvé que ces applications pouvaient avoir un effet néfaste sur votre comportement au volant, mais aussi sur le trafic urbain.

En 2018, dans un article du journal The Atlantic, des experts ont réussi à prouver que les automobilistes se montraient plus « égoïstes » à cause de ces applications. En choisissant de prendre des itinéraires alternatifs, ils agissent au détriment de l’itinéraire qui est le plus optimal.

Contrairement à ce que l’on peut penser, les applications de ce type favorisent les embouteillages lorsque trop d’utilisateurs les utilisent.

L’Institute of Transportation Studies de Berkeley a démontré que lorsque plus de 20% des automobilistes utilisaient une application comme Waze ou Google Maps, on assiste à la création d’embouteillages sur les bretelles d’accès/de sortie des autoroutes. De même, de nombreux conducteurs se retrouvaient sur un même itinéraire alternatif ce qui déplace l’embouteillage dans les villes. Cependant, les villes n’ont généralement pas été construites pour accueillir un tel flux. Les chercheurs baptisent ce phénomène « l’effet Waze ».

Des riverains en colère

Selon une enquête menée par Pew Research Center en 2015, 90% des européens et des américains ont le réflexe d’utiliser une application GPS lorsqu’ils se retrouvent bloqués dans les embouteillages. En France, 15 millions d’automobilistes ouvrent régulièrement Waze.

Les habitants des villes qui longent les grands axes autoroutiers sont mécontents. Chaque jour, dès qu’un embouteillage se crée sur l’autoroute voisine, ils se retrouvent envahis par les automobilistes qui suivent un itinéraire alternatif. Les incivilités se multiplient : impatience des automobilistes, embouteillage, pollution, nuisances sonores, etc. Les routes des villes ne sont pas construites dans la perspective d’accueillir un trafic aussi intense.

Dans certains quartiers, il devient dangereux de circuler dès qu’un embouteillage est en cours sur l’autoroute. Le risque d’avoir un accident se multiplie autant pour les automobilistes que pour les piétons. En France, c’est déjà le cas près de Toulouse ou dans la banlieue parisienne.

Le maire de Lieusaint a décidé de tromper Waze en modifiant le sens des rues, en abaissant les limitations de vitesse et en installant des feux tricolores. L’objectif est de ne plus être mis comme itinéraire alternatif. En trois ans, le trafic a diminué de moitié.

Aux États-Unis, certaines villes ont tout simplement décidé de fermer les routes qui servent d’itinéraire alternatif aux heures de pointe. Toutefois, l’application est beaucoup plus intelligente. Des riverains ont donc décidé de se mobiliser pour signaler de faux embouteillages, la présence de faux radars, etc. Il y a eu cette même mobilisation à Cornebarrieu en France. L’application a décidé de bannir les faux rapporteurs.

À Parmain, le maire a décidé de désigner les rues comme uniquement réservées aux riverains pour tester. Les riverains ont signalé ces changements en masse sur les applications. Aujourd’hui, Parmain n’est plus dans les itinéraires alternatifs.

Un consensus à trouver entre l’intérêt collectif et l’argent

L’Institute of Transportation Studies propose une solution : convaincre les applications de disperser les automobilistes sur plusieurs routes alternatives.

Toutefois, les applications appartiennent à des entreprises différentes qui ont pour but de faire des bénéfices. Pour s’enrichir, elles vont tout miser sur l’égoïsme des automobilistes. Plus il y a d’utilisateurs, plus elles vont gagner d’argent.  

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